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1826 - 1898

" Etre moderne ne consiste pas à chercher quelque chose en dehors de tout ce qui a été fait. Il ne s'agit au contraire de coordonner tout ce que les âgés précédents nous ont apportés, pour faire voir comment notre siècle a accepté cet héritage et comment il en use ".

Cette citation de Gustave Moreau résume à elle seule tout le travail du peintre. Il ne croyait pas au mythe de la " table rase " et son oeuvre féconde, tout en ayant une touche propre à Gustave Moreau qu'il est difficile de confondre avec un autre peintre, nous renvoie à Michel-Ange, au Titien, à des motifs orientaux voire médiévaux...

A sa mort, on retrouva dans son atelier près de 850 peintures ou cartons, 350 aquarelles, et plus de 13000 dessins et calques. 

Revenons aux influences décelables dans ses oeuvres. Les maîtres de la renaissance sont peut être ceux qui influencèrent le mieux l'oeuvre de Moreau. Il fit de nombreux voyages en Italie, à Rome, Florence, Milan, Pise, Sienne, Naples, Venise. Chaque séjour lui apprit davantage sur l'art italien des XVème au XVIIème siècles. Par leurs coloris, les peintures vénitiennes lui attirèrent l'oeil : les oeuvres de Michel-Ange et le Titien furent copiées.
Il passa des mois à copier les fresques de Michel-Ange de la Chapelle Sixtine.
Gustave Moreau était également très admiratif de l'oeuvre de Léonard de Vinci. On dit qu'une reproduction de Saint Jean par de Vinci était affichée dans son vestibule. Il possédait un fonds photographique d'oeuvres italiennes impressionnant visible aujourd'hui au Musée Gustave Moreau.

Le moyen-âge intéressa également le peintre qui demanda l'autorisation de faire des croquis d'après les émaux du Louvre. Et en 1882, l'acquisition par le musée de Cluny de la tenture de la Dame à la licorne enthousiasma Gustave Moreau.  

Si Moreau emprunta les fonds rocheux de Léonard ou les figures endormies de Michel-Ange pour les insérer dans son oeuvre, il ne faut pas oublier les ajouts d'éléments exotiques dans son oeuvre. Il était très intéresse par les découvertes archéologiques effectuées au Proche-Orient, en Egypte, au Mexique. Beaucoup de ses proches amis étaient des voyageurs curieux qui ramenaient de leur voyage, bon nombre de photographies, dessins, récits.
Son ami le peintre orientaliste Narcisse Berchère s'intéresse au monde islamique tandis qu'Eugène Fromentin visite plusieurs fois l'Algérie.
Parmi ses connaissances, on croise Maxime du Camp qui a parcouru l'Egypte en tant que photographe auprès de Flaubert.
L'Orient intéresse également le peintre, qui a visité ces deux expositions parisiennes : Le Musée oriental en 1869 au Palais de l'industrie et l'exposition universelle de 1867.


L'Apparition

Aquarelle 106 x 72.2
Signée en bas à gauche en lettres d'or.
Musée du Louvre, département des arts graphiques.

Cette oeuvre fut présentée au Salon de 1876 où elle surprit particulièrement les visiteurs par l'innovation iconographique créée par la présence de la tête de Saint Jean-Baptiste en lévitation.
En effet, le prophète et martyr est souvent représenté la tête coupée posée sur un plat.
Jean fut emprisonné pour avoir reproché à Hérode Antipas son union incestueuse avec la femme de son frère, Hérodiade. Salomé, la fille d'Hérode Philippe et d'Hérodiade obtient de son oncle qu'il fasse décapiter Jean et que sa tête soit présentée à sa mère Hérodiade.

 

Le moment  illustré ici par Gustave Moreau est celui où Salomé, après avoir dansé dans la salle du festin d'Hérode, demande la tête de Saint Jean-Baptiste.

Hérode, assis sur son trône, lui accorde cette faveur. Salomé pointe le doigt vers la tête du prophète en lévitation tandis que Hérodiade se tient derrière elle.

La représentation de la tête de Saint Jean auréolée est peut être inspirée de la composition d'une estampe japonaise, que Gustave Moreau aurait copiée au Palais de L'Industrie en 1869. Dessinateur infatigable, Moreau posédait à la fin de sa vie de nombreux dessins, photographies, livres illustrés qui lui servaient de base documentaire.

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L'Apparition.

Huile sur toile 142 x 103.
Musée Gustave Moreau, cat. 222.
Cette toile est de mêmes dimensions que la version du Louvre.

Le dessin au trait blanc qui habille Salomé et les éléments architecturaux de la scène ont probalement été rajoutés par Gustave Moreau à la fin de sa vie lorsqu'il préparait le fonds de son futur musée.

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Salomé

Huile sur toile 144 x 103.5
Los Angeles, Californie.
The Armand Hammer collection UCLA
at the Armand Hammer museum of Art and cultural center,
AH 90.48

Description restée anonyme parue dans la Bibliothèque universelle de Lausanne.
Elle est peut être de Fromentin.

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Hérode assis sur un trône élevé se laisse fasciner par la beauté de la magicienne : il suit d'un regard hébété les ondulations de Salomé. On dirait que son corps épuisé essaie de se ranimer pour mieux subir le charme fatal qu'elle exerce. Au dessus de sa tête, on aperçoit une idole singulière. Est-ce la cybèle aux nombreuses mamelles, la déesse phrygienne par laquelle les créations monstrueuses de l'imagination phénicienne se rattachent aux radieux habitants de l'Olympe? Est-ce une des innombrables divinités du panthéon indou? On peut hésiter entre les deux, l'une ou l'autre, seront également à sa place dans cette oeuvre étrange qui semble garder un reflet de tous les mysticismes de l'Orient.

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"L'évocation de la pensée par la ligne, l'arabesque et les moyens plastiques, voilà mon but".

L'image de la femme est obsessionnelle dans l'oeuvre de Moreau. On la retrouve en héroïne mythologique, biblique ou antique : dans la plupart des cas, elle est maudite et vecteur de mort.

Le catalogue, Gustave Moreau 1826 - 1898, RMN

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